INTRODUCTION
« Respirer le monde »
La fonction de respirer s’effectue de façon automatique sans y penser. C’est une fonction physiologique vitale assurant l’oxygénation des cellules de l’organisme : la respiration est la vie. C’est une fonction variable et adaptative, telle qu’est notre vie. C’est aussi la seule fonction physiologique que l’on peut contrôler volontairement (en y pensant), d’où le développement de nombreuses pratiques respiratoires à visée gymnique ou thérapeutique.
On sait maintenant que, de façon pathologique dans certaines épilepsies temporales à localisation amygdalienne gauche, on peut s’arrêter de respirer à l’éveil sans en prendre conscience … et dans d’autres maladies comme le syndrome d’Ondine, il faut constamment penser à respirer sous peine de mourir d’asphyxie par défaut congénital de l’automatisme respiratoire, et le sommeil n’est possible qu’en étant assisté par un respirateur … La respiration nous rythme tant que nous vivons, nous rythme corporellement dans l’équilibre postural vertical et nous rythme dans notre fonctionnement cérébral : les connexions neuronales fluctuent selon la variabilité de notre respiration. La respiration nous ouvre à notre ressenti interne : entéroception, et la difficulté à respirer, ou dyspnée, est le symptôme le plus fréquent avec la douleur en pathologie. Nous avons chacun une façon spécifique de respirer dans son expression spatiotemporelle, qui pourrait nous servir d’empreinte tridimensionnelle et dynamique de notre identité, tant et si bien que notre respiration édifie l’image de soi. La respiration nous ouvre implicitement à chaque inspir au monde environnant par la voie des odeurs. La respiration nous ouvre aux autres par l’expression du verbe sur l’expir. La respiration est ainsi étroitement liée aux états émotionnels et aux tâches cognitives.
Autant d’arguments pour partager une actuelle évidence : la respiration consciente et volontaire est au centre des thérapies psychocorporelles, à la fois modernes : hypnose, sophrologie, rebirth, respiration holotropique … et anciennes de tradition millénaire : Yoga, Qi Gong, méditation, chamanisme … Le contrôle respiratoire s’intègre aux apprentissages artistiques : musique instrumentale à vent, chant, danse, jeu théâtral, peinture, calligraphie, photographie … La respiration s’entraine forcément en éducation sportive, et pour certains sports en est l’élément essentiel : apnée, arts martiaux, tir à l’arc …
Nous vous proposons de découvrir, redécouvrir, explorer le champ d’expression de notre respiration, selon les récentes données scientifiques pour en apprécier sa simplexité, selon le mot de contraction entre simplicité et complexité d’Alain Berthoz physiologiste du vivant. Nous vous proposons aussi de l’illustrer en pratique par quelques exercices à chaque rubrique et d’en faire l’expérience esthétique. Nous souhaitons décrire ainsi comme un art de respirer qui nous inscrit dans l’univers …
Un haïku, poème court japonais, ne doit pas être plus long qu’une respiration.
Pas à pas, nous serons guidés par ces mots de l’instantanéité qui nous relient au monde le temps d’un souffle.
Avec chaque souffle
Le papillon se déplace
Sur le saule
Basho
ARTICLES
Rédigé par Sophie Lavault, Dr en Neurosciences, Ingénieur de recherche Pitié Salpêtrière
Article écrit à partir d’un entretien avec Caroline Sévoz-Couche (caroline.sevoz-couche@upmc.fr), chercheur INSERM rattachée à l’unité de neurophysiologie respiratoire (UMRS-1158) de l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, et actuellement en collaboration à Singapour. Cette communication est inspirée d’une discussion au sujet de présentations qu’elle a réalisées dans différents congrès internationaux de neurologie.
Rédigé par Sophie Lavault, Dr en Neurosciences, Ingénieur de recherche Pitié Salpêtrière
Arthur Guérin-Boëri détient à 36 ans 5 titres de champion du monde et 4 records du monde. Sa spécialité : l'apnée dynamique, et particulièrement l'apnée à l'horizontale. Il s'agit d'une discipline que l'on exerce en piscine ou en lac, où le but est...
Dr Catherine BERNARD
La respiration, essentiellement automatique et inconsciente, est aussi la seule fonction physiologique vitale que l’on peut contrôler volontairement.
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