PREMIERE PARTIE : LES BASES DE L'OSTHEOPATHIE
Cette première partie est consacrée à définir l'ostéopathie, relater brièvement son historique et surtout à préciser ses bases médicales. L'approche ostéopathique de toute douleur permet de soigner rapidement, efficacement et au moindre coût.
" La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité " c'est ainsi que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé.
" La médecine ostéopathique est une science, un art et une philosophie des soins de santé, étayée par des connaissances scientifiques en évolution. ", selon la convention européenne de l'ostéopathie.
Sa philosophie englobe le concept de l’unité de la structure de l’organisme vivant et de ses fonctions.
Son art consiste en l’application de ces concepts à la pratique médicale dans toutes ses branches et spécialités
Sa science comprend notamment les connaissances comportementales, chimiques, physiques et biologiques relatives au rétablissement et à la prévention de la santé, ainsi qu’à la prévention de la maladie et au soulagement du patient.
Le docteur Andrew Taylor Still (1828-1917), chirurgien américain, a été le premier à proposer les concepts qui soutiennent sa définition de l'ostéopathie. Il fonda en 1892 la première école américaine d'ostéopathie avec les principes suivants : La globalité de l'être, l'interaction permanente entre la structure et le fonction et, enfin, la capacité du corps s'auto soigner. C'est l'un de ses élèves, Daniel David Palmer, qui fonda la chiropratique en 1895. Parmi les illustres élèves de Still, qui ont continué son œuvre, on retient surtout William Gardner Sutherland, Rollin Becker et bien d'autres.
En France, c'est le professeur Robert Maigne qui a réussi à faire introduire l'ostéopathie dans les études médicales sous forme de diplômes interuniversitaires. D'autres professeurs ont contribué à sa diffusion au sein des universités comme G. Piganiol au CHU de Dijon et P. Vautravers au CHU de Strasbourg. Dans le domaine de l'ostéopathie tissulaire P. Tricot, JP. Barral, N. Sergueff ont réussi à imposer le crânien et le viscéral en France. La listes de ces personnalités est loin d'être exhaustive.
L'anatomie : La particularité anatomique renforçant la notion de globalité de l'ostéopathie est représentée par les fascias. Après trente ans de chirurgie polyvalente, j'ai redécouvert l'anatomie dans sa dimension globale et pas uniquement organe par organe. J'ai appris également, grâce à l'étude de la posture, comment des muscles psoas contracturés peuvent être à l'origine de névralgies cervico-brachiales. Les fascias sont des tissus conjonctifs qui relient toutes les structures de l'organisme du haut en bas et de la superficie aux profondeurs. elles entourent et séparent les compartiments musculaires, elles suspendent organes et viscères, elles soutiennent la peau, les nerfs et les vaisseaux.
Les plèvres, le péricarde, les méninges et le péritoine sont des fascias. Elles peuvent être lâches ou rigides selon leur fonction. Elles sont partout et relient tous les composants de l'organisme.
La particularité physiologique du domaine ostéopathique est représentée par l'homéostasie. C'est la capacité de l'organisme humain à maintenir stables les constantes physiologiques malgré les variations des facteurs externes. Elle est sous la dépendance du système nerveux autonome neurovégétatif qui est composé de deux versants : le sympathique et le parasympathique. Le premier est localisé le long de la colonne vertébrale et agit en cas d'éveil, de stress, de défense ou d'attaque par l'intermédiaire de l'adrénaline. Le second est localisé uniquement au niveau du tronc cérébral et du sacrum. Ce système "calme le jeu" grâce à l'acétylcholine.
Le système nerveux est constitué de ce dernier ainsi que du système nerveux central (cerveau, moelle épinière et organes des sens). Le système nerveux central permet de vivre. Le système neuro-végétatif permet de rester en vie.
La posture idéale est exceptionnelle.
Elle repose sur l'équilibre parfait des éléments qui la gèrent. Les principaux sont la forme des pieds, la mobilité des yeux et l'alignement des deux mâchoires.
Les pieds creux entrainent un écartement des genoux (en parenthèse) et une diminution des courbures de la colonne vertébrale. Les pieds plats rapprochent les genoux (en guillemets) et accentuent les courbures de la colonne vertébrale. L'hyperlordose (la cambrure) qui en découle entraine une 'hyperpression articulaire qui est responsable des douleurs et de d'arthrose. Les podologues corrigent les défauts des pieds.
L'oculomotricité (mobilité des yeux) a également un rôle important dans l'équilibre postural. Chaque œil possède six muscles responsables de sa mobilité. La condition pour avoir un regard stable et horizontal est représentée par la parfaite coordination des mouvements de ces douze muscles. Le test le plus simple est de faire loucher le patient. Si un œil repart vers l'extérieur cela signifie un défaut convergence qui peut être un facteur déstabilisant la posture. La prise en charge et les corrections sont assurées par les orthoptistes.
L'articulation temporo-mandibulaire (ATM) relie la mâchoire inférieure à l'os temporal où est logée l'oreille. Elle est située juste devant l'oreille et facilement repérable en ouvrant la bouche. L'ATM constitue la liaison entre la chaine musculaire antérieure et la chaine musculaire postérieure. Tout décalage de l'articulé dentaire déstabilise ces articulations qui perturbent la posture. Les orthodontistes corrigent ces anomalies.
La peau est d'une aide inestimable au diagnostic et au traitement en ostéopathie pour celui qui sait la toucher. Sa sensibilité peut expliquer tant de douleur sans cause évidente en les ramenant à des douleurs projetées, comme nous le verrons plus loin. L'importance du toucher soin n'est plus à démontrer. Le massage en est l'expression la plus commune. La sensibilité exacerbée de la peau au pincer rouler ou au palper rouler révèle une compression du nerf qui assure la sensibilité de cette zone, à sa racine ou le long de son trajet. Par exemple, la face interne de la cuisse est innervée par la branche qui sort au niveau de la troisième vertèbre lombaire. C'est une douleur projetée.
Malheureusement, ce geste est négligé et on pense tout de suite à la structure qui est sous-jacente. Nous évoquons immédiatement une tendinite devant une douleur de l'épaule et nous ne changeons pas de diagnostic malgré l'inefficacité des traitements que nous avons mis en route. Nous demandons alors des radiographies et des échographies qui ne montrent pas de lésions particulières. Par la suite nous prescrivons de la kinésithérapie qui ne fait pas disparaitre la douleur. Surtout que la majorité des personnes qui ne répondent pas aux traitements classiques n'ont aucune raison de développer une tendinite de l'épaule.
Alors qu'il suffit de pincer la peau et nous constatons qu'elle est beaucoup plus douloureuse qu'au niveau de l'autre épaule. Ceci doit orienter notre attention vers le rachis cervical. Son examen découvre douleur et manque de mobilité qu'il faut traiter. C'est une névralgie cervico-brachiale. Cette notion de douleur projetée est très souvent négligée. Je suis sûr et certain que si les médecins y pensent, ils feraient d'énormes économies à la sécurité sociale et soulageraient rapidement leurs patients.
Nous rapportons enfin l'approche ostéopathique globale. C'est d'abord écouter attentivement les doléances du patient, observer ses attitudes au repos et en mouvement et ensuite tester toutes les articulations de façon comparative.
Le but de cette première partie est avant tout de donner une autre idée de l'ostéopathie. Elle ne consiste pas uniquement à " remettre une vertèbre en place ". Elle s'adresse et traite la globalité de l'organisme avec des méthodes variées qui s'adaptent aux différentes plaintes des patients. Ces plaintes et douleurs qui restent sans explication pour la médecine allopathique. Ces douleurs qui finissent par devenir souffrances.
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET INDICATIONS
Les manipulations, essentiellement de la colonne vertébrale, restent la méthode la plus utilisée en ostéopathie. Elles diffèrent de celles de la chiropratique par le fait que le praticien utilise son corps pour manipuler et non pas des tables spéciales. L'ostéopathie fonctionnelle ainsi que la tissulaire peuvent précéder ou faire suite aux manipulations. Ces méthodes s'adressent à la plainte du patient mais la recherche et le traitement de la cause initiale doit rester une priorité.
L'ostéopathe, qu'il soit médecin ou non, dispose de différentes modalités pour soulager son patient. Rappelons que l'ostéopathie s'adresse uniquement à la pathologie fonctionnelle et n'a nulle prétention à guérir les maladies. Les différentes techniques sont complémentaires et leur catégorisation révèlent surtout les différents courants et écoles.
L'ostéopathie structurelle : Pour le professeur Robert Maigne, la manipulation est une mobilisation passive forcée qui tend à porter les éléments constitutifs d'un ou plusieurs joints intervertébraux voisins au delà de leur jeu habituel normal et ce, jusqu'à la limite de leur jeu anatomique possible. Il s'agit de libérer les tensions installées au sein des moyens d'union d'une articulation et lui redonner ainsi, le relâchement physiologique nécessaire à une mobilité normale et indolore. La manipulation demande une grande énergie sur une faible amplitude. Elle s'accompagne souvent d'un craquement qui correspond à l'éclatement de la bulle gazeuse qui se forme lors de la décoaptation de l'articulation. Il ne signifie d'aucune manière la réussite de l'acte. Il existent plusieurs techniques de manipulations (qui portent le nom de leur inventeur) pratiquées dans différentes positions du corps, debout, couché sur le dos ou sur le coté. La meilleure technique reste celle qu'on maitrise le mieux en respectant l'adage " surtout ne pas nuire ". La SOFMMOO (Société française de médecine manuelle orthopédique et ostéopathique) a proposé les règles de bonnes pratiques des manipulations, cervicales en particulier. Le patient est prévenu de la possibilité de courbatures qui surviennent les deux ou trois jours suivants. Généralement deux ou trois séances sont nécessaires, espacées de deux ou trois semaines. Sont apparentées au structurel les mobilisations qui utilisent peu d'énergie mais de larges amplitudes.
" La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité " c'est ainsi que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé.
" La médecine ostéopathique est une science, un art et une philosophie des soins de santé, étayée par des connaissances scientifiques en évolution. ", selon la convention européenne de l'ostéopathie.
Sa philosophie englobe le concept de l’unité de la structure de l’organisme vivant et de ses fonctions.
Son art consiste en l’application de ces concepts à la pratique médicale dans toutes ses branches et spécialités
Sa science comprend notamment les connaissances comportementales, chimiques, physiques et biologiques relatives au rétablissement et à la prévention de la santé, ainsi qu’à la prévention de la maladie et au soulagement du patient.
Je regroupe volontairement toutes les autres techniques dans ce chapitre, à part le crânien ou le tissulaire. Il s'agit du myotensif, du raccourcissement myofascial (ou strain counterstrain), que nous développons plus loin, du viscéral, la fascia thérapie... On peut rapprocher de l'ostéopathie d'autres techniques comme les chaines musculaires de Godelieve Denys-Struyf, la méthode de McKenzie, celle de Jean Moneyron, celle de Travell et Simons, la méthode Mézières ... Ces listes ne pas exhaustives.
La technique du myotensif ou technique d'énergie musculaire (Muscle Energy Technique) a été décrit par Fred Mitchell, médecin ostéopathe américain, dans les années 70. Son but est de redonner la souplesse à un muscle contracturé. Le praticien positionne l'articulation de façon à mettre ce muscle en tension modérée jusqu'à la sensation d'une barrière motrice. Le patient exerce ensuite une contraction modérée isométrique (sans varier la longueur) contre la main du praticien pendant cinq secondes puis relâche cette pression. Le praticien accompagne ce relâchement jusqu'à atteindre une nouvelle barrière motrice. La manœuvre est renouvelée trois ou quatre fois. Le mode d'action est très complexe et souvent sous forme d'hypothèses.
Le strain counterstrain (ou relâchement myofascial) est une technique décrite par L H. Jones, médecin ostéopathe américain, en 1955 et publiée en 1981. Cette technique est basée sur le principe que la douleur d'une articulation et des éléments musculo-ligamenteux qui l'entourent, dépend de la position de celle-ci. A l'inverse de la précédente, cette méthode cherche à raccourcir les moyens d'union de l'articulation, essentiellement les muscles. Ce raccourcissement vise à réinitialiser le fuseau neuromusculaire en dysfonction. Tout muscle qui est étiré brutalement réagit en se raccourcissant. Parfois il retrouve sa souplesse spontanément, parfois il reste raccourci et douloureux en comprimant les structures sous-jacentes. Le fait de le raccourcir au maximum, c'est à dire exagérer sa dysfonction, lui permet de " repartir de zéro " avec un tonus physiologique. Le praticien repère la zone ou le point le plus douloureux, appelé tender point ou point gâchette, puis mobilise l'articulation jusqu'à trouver la position où la douleur disparait et la maintient quatre-vingt-dix secondes. L'auteur a établi une cartographie de tous les points gâchettes. Le patient participe à cette technique par sa complète passivité. Le résultat est souvent impressionnant. La douleur diminue beaucoup, la mobilité est retrouvée avec la disparition d'éventuelle névralgie. Cette technique peut être réalisée toute seule ou en association avec d'autres méthodes. En tout cas elle doit être exécutée en dernier.
L'ostéopathie tissulaire ou cranio-sacrée ou énergétique :
Plusieurs dénominations pour une méthode involontaire par le manque d'action physique du praticien. Le praticien " écoute " à travers ses mains les perturbations tissulaires de son patient. Plusieurs sommités de la médecine s'opposent à l'ésotérisme de cette ostéopathie. C'est surtout William Gardner Sutherland qui a posé les fondements de l'ostéopathie crânienne en se basant sur l'existence de motilité des os du crane (Le Larousse définit la motilité comme l'aptitude à effectuer des mouvements spontanés ou réactionnels, constituant l'un des caractères du vivant à toutes les échelles d'observation). Il justifie sa théorie par l'anatomie des sutures du crâne. Il a décrit également le mécanisme respiratoire primaire (MPR) dont les membranes de tension et le liquide céphalo-rachidien jouent un rôle primordial. L'un de ses célèbres élèves, Rollin Becker, a étendu cette notion à tous les tissus. " Seuls les tissus savent " insistait-il. En France Pierre Tricot a ajouté la notion de présence, d'attention et d'intention. Jean Pierre Barral a appliqué ces notions au niveau viscéral. Généralement, les mains sont placées sous le sacrum et/ou sous la tête. Rappelez-vous, c'est de là qu'est logé le système parasympathique, celui qui calme toutes les fonctions. Personnellement, j'utilise l'ostéopathie tissulaire et le crânien sans aucune restriction ni aucun préjugé. C'est empirique, c'est ésotérique, c'est même du charlatanisme pour certains mais " ça marche " et je ne prive pas mes patients de cette aide pour la seule raison que ce n'est pas du Evidence-based Medicine (la médecine par la preuve).
Les auto-étirements doivent être prescrits aux patients. La libération des tensions musculo-ligamentaires ainsi que la liberté du jeu articulaire, obtenues par les différentes méthodes ostéopathiques, ne peuvent perdurer que si le patient poursuit les étirements des structures en question. Ces étirements doivent être quotidiens au début puis hebdomadaires par la suite. Ils doivent respecter les règles de base : réguliers, jamais à froid et sans douleur. Le patient comprend très bien que la cause de ses douleurs, de ses raideurs ainsi que de leurs conséquences, à savoir arthrose et tendinopathies, reste l'anomalie posturale. De ce fait, en plus des étirements, les patients auront recours aux podologues, aux orthoptistes ou aux orthodontistes pour corriger le ou les éléments défaillants. Il est évident que la précocité de cette prise en charge est gage de prévention efficace.
Chaque praticien possède sa boite à outils. Chacun utilise ce qu'il sait faire de mieux Mais une technique reste un moyen de soulager un ou une patiente. Chaque patient est unique et en plus son état varie avec l'âge et avec son environnement. Il serait illusoire de poser des indications comme pour une maladie selon son stade d'évolution.
Schématiquement, la crise douloureuse avec blocage nécessite une manipulation. Le jeune agriculteur qui se bloque les lombaires en descendant du tracteur bénéficiera du structurel. À la personne âgée, arthrosique, ostéoporotique, lombalgique chronique, on proposera du fonctionnel. Mais la plupart des patients ont besoin, à un moment ou un autre, autant du structurel que du fonctionnel ou du tissulaire. Autrement dit, l'ostéopathe est sensé maitriser toutes les techniques sinon avoir l'humilité et la sagesse de confier aux collègues. En tout cas, la prise en charge de la globalité doit être presque une obsession.
Je rapporte un exemple édifiant d'un jeune de 18 ans se plaignant de lombalgies de plus en plus handicapantes. Il mesure un mètre soixante dix centimètre et pèse soixante dix kilogrammes. Il n'a aucun antécédent médical particulier mais il est de nature anxieuse précise sa mère. " Il suffit de voir ses ongles " insiste-elle. Effectivement ! C'est l'année du baccalauréat et on est au mois de mars. Le garçon marche penché en avant. " On n'arrête pas de lui répéter de se redresser et de mieux se tenir, même quand il est assis ! ". Je remarque que les baskets ne sont pas lacées en même temps que son pied droit tourne vers l'extérieur beaucoup plus que le gauche. Le genou gauche est légèrement plié, l'épaule du même coté est un peu plus basse.
Maxime F. me précise que ses lombalgies sont maximales le matin en sortant du lit et en se levant de sa chaise après une position assise prolongée. Il ajoute qu'en marchant il sent moins son dos. Depuis quelques mois, des migraines accompagnent ses lombalgies. " Toute la tête ? " je lui demande, " Non, c'est surtout à droite. " C'est à cause de l'ordinateur " remarque la mère. Cette séquence a duré quatre minutes. Je lui demande de s'allonger sur le dos. Au bout de dix secondes il plie ses genoux. " C'est à cause de ma cambrure " me répond-il à la question "bPourquoi faites-vous ça ". Nadia, sa mère, me regarde surprise " Ne me dites pas que c'est à cause de ses psoas ? " " À son âge ? " C'est bien les psoas qui sont responsables de l'attitude et des douleurs de Maxime. Surtout le droit. À ma demande, il allonge de nouveau ses jambes. Je lui fait remarqué que son pied droit tourne plus vers l'extérieur et que sa tête est plus penché en arrière et que le bas du dos ne touche plus la table. Il acquiesce. Je lui pince la peau à l'intérieur de la cuisse, il n'apprécie pas du tout alors qu'à gauche c'est à peine sensible. Je remarque qu'il commence à se demander qu'est ce qui lui arrive. Je lui explique.
Les muscles psoas commencent au niveau de la douzième vertèbre dorsale, ils sont attachés sur les quatre premières vertèbres lombaires et finissent sur l'extrémité supérieure du fémur. Je lui montre le schéma sur mon deuxième livre sur l'ostéopathie. C'est avec ces muscles qu'on marche, ils soulèvent les cuisses. Dès qu'ils perdent leur souplesse, ils ont tendance nous faire pencher en avant en position statique. Ils nous obligent à les raccourcir pour dormir et c'est pour ça que vous dormez sur le coté gauche (le moins " serré ").
Par contre, en marchant ils sont détendus car actifs et chauds. "Pourquoi ils perdent leur souplesse ? Je fais pourtant beaucoup de sport ". Je lui demande alors de calculer combien de temps ces muscles sont raccourcis (en position assise, en piétinant, en dormant sur le coté) par rapport au temps qu'ils sont allongés (en marchant, en étant en position de garde à vous ou couché les jambes allongés) Effectivement, les psoas sont en position de raccourcissement beaucoup plus longtemps. Pour bien argumenter mon explication, je lui demande d'imaginer que le lui mette une attelle derrière le coude pendant deux mois, empêchant l'extension complète du bras et quelle sera la conséquence sur le biceps ? Il me répond sans aucune hésitation " Il raccourci ! "
À partir de cette constatation, que je confirme avec des tests, tous les autres symptômes trouvent leur explication. Je résume. La nuit on est tranquille car ces muscles sont raccourcis. Dès qu'on sort du lit, ils nous empêchent de se redresser car tendus et douloureux. Après quelques pas et la douche, ils se relâchent progressivement, deviennent moins douloureux mais assez tendus pour nous faire pencher en avant mais on ne s'en rend pas compte.
Or, le rôle primordial de la posture est l'horizontalité du regard. Les muscles qui nous redressent sont les extenseurs du rachis, situés derrière les vertèbres. Ils commencent à la base du crâne et finissent sur le sacrum. À la longue, leur tension excessive entraine différentes névralgies (dont celle d'Arnold, assimilée à une migraine) et de l'arthrose. C'est la conséquence en amont. En aval, la tension excessive des psoas fait basculer le bassin en avant et ce sont les muscles piriformes qui le redressent. Le rôle de ces muscles, sous les quels passent le nerf sciatique, est de tourner la jambe à l'extérieur. D'où la position du pied droit. À la longue, leur tensions excessives provoque sciatalgies et arthrose de la hanche.
J'ai appliqué le myotensif pour les psoas et les piriformes, le strain counterstrain pour les extenseur du rachis au niveau cervical. En se levant, il se sent très soulagé et souple mais il décrit en marchant une douleur bien précise en regard de l'articulation sacro-iliaque droite. Les tests confirment son blocage. J'exerce une manipulation sur cette articulation avec la technique habituelle, patient couché sur le coté gauche. J'ai agit cinq minutes, j'ai expliqué dix minutes. Je lui ai montré comment et quand étirer ses muscles. Il me pose alors la question suivante " pour combien de temps ? ", " pour toujours, jeune homme ! ". J'ai mis Maxime devant ses responsabilités pour éviter d'arriver à l'état dans le quel est sa maman depuis quelques années.
Il me reste encore un quart d'heure (sur les quarante minutes que dure la séance), je les consacre à lui faire du crânien pour espérer diminuer son anxiété.
Voilà. Mais tout ce que j'avance est sujet à critiques, positives ou négatives et ne demande qu'à être amélioré.
La pathologie fonctionnelle existe bel et bien. Elle n'est pas enseignée aux médecins et ne se détecte sur aucun examen. Seule la clinique la diagnostique : poser les bonnes questions, écouter les réponses et toucher. D'ailleurs on ne leur demande pas de pratiquer l'ostéopathie mais, au moins faire un diagnostic ostéopathique, devant la non réponse à leurs traitements et la négativité des examens qu'ils demandent, pour une douleur qui perdure. Prenant en charge le patient, l'ostéopathe, médecin ou non, ne se permet pas l'exclusivité du traitement si une correction posturale est nécessaire. À moins qu'il en possède les compétences. Mais une personne n'est pas que muscles, tensions ou équilibre postural, elle est aussi mental et émotions.
C'est pourquoi que j'essaie d'élargir mes compétences à la médecine intégrative et il n'y a pas de meilleur endroit que le l'IFPPC (Institut Français des Pratiques Psycho-Corporelles), à Paris, dirigé par la psychologue et enseignante universitaire Isabelle Celestin-Lhopitaux. J'espère, dans ce centre, évoluer de la globalité du corps à la globalité de l'Etre.
BIBLIOGRAPHIE
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Maigne R., Douleurs d'origine vertébrale : comprendre, diagnostiquer et traiter, édition Elsevier Masson, 2009.
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Mach-houty A, Comment j'ai découvert l'ostéopathie..., édition Frison-Roche, 2010.
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