INTRODUCTION
Les patients en phase palliative sont hospitalisés dans toutes les unités de nos structures hospitalières. Il n’en reste pas moins que le type de soins et l’éthique de prise en charge visent la même orientation que dans une unité de soins palliatifs. Les patients nous montrent que la fin de vie est une véritable étape, on ne peut plus vivante. Elle est celle de l’intime pendant laquelle tout est à l’extrême.
Qu’apporte l’hypnose lorsque ce détachement ultime est à venir, lorsque le patient s’accroche aux restes de sa vie ? Que lui reste-t-il d’essentiel à vivre ?
En phase palliative, la souffrance est globale. Quand bien même les drogues sont la plupart du temps efficaces, la souffrance du départ, de ne pas avoir dit, de ne pas avoir fait, de ne pas avoir osé être la personne que l’on souhaitait être … les fausses croyances, les conditionnements sociaux, les obstacles, et traumatismes d’une vie remontent à la surface. Les observations corporelles parlent du ressenti émotionnel du patient, ressenti difficile à exprimer par la parole. Les regrets prennent beaucoup de place. Ils ajoutent aux questionnements de fin de vie et douleurs déjà présentes, des tensions supplémentaires. Le patient se sent totalement impuissant, tout lui échappe, même sa vie.
INDICATION
L’hypnose revêt un objectif différent en fonction de la phase palliative dans laquelle se trouve le patient, notamment au niveau émotionnel mais aussi en fonction des symptômes associés. Le patient en fin de vie peut diminuer, modifier, la perception de la douleur. Il peut modifier une sensation corporelle inconfortable, gérer une angoisse de fin de vie. L’hypnose accompagne le besoin spirituel d’une présence à soi. L’amélioration des symptômes de fin de vie est également un axe de prise en charge possible avec l’hypnose notamment sur la douleur, la dyspnée, les nausées, l’insomnie …
L’écoute du praticien en hypnose s’enrichie ici de toute sa valeur symbolique car « l’ajustement » se doit d’être encore plus subtil. « Utiliser, s’adapter, créer un changement, mettre du sens, respecter » Dr J. Becchio
L’essentiel est ce que le patient va pouvoir percevoir en mieux dans son intime. La pratique de l’autohypnose en phase palliative est une réelle possibilité de reprendre une forme de contrôle alors que sa vie lui échappe. Il peut accéder à une sorte de liberté d’action par l’autohypnose.
Le soignant, praticien en hypnose guide le patient à créer avec le reste de sa vie un élan de paix pour lui-même.
ETUDE
L’étude de recherche « L’hypnose : une ressource en soins palliatifs ? Etude qualitative sur l’apport de l’hypnose chez des patients oncologiques » réalisée au centre hospitalier Vaudois, Lausanne Suisse, en 2012, montre qu’après « quatre séances en moyenne, les patients expriment retrouver des ressources internes inexploitées et être autonomes dans l’utilisation de cet outil. Le bénéfice majeur a été ressenti au niveau d’une diminution de l’angoisse. Pour les patients souffrants d’angoisse de mort, l’hypnose leur a permis, dans un cadre thérapeutique décrit comme sécurisant, d’explorer différentes facettes de leurs peurs et de développer des stratégies d’adaptation. » Cette étude, ayant pour objet le vécu des patients, montre pour ceux-ci « le bénéfice d’aller dans les émotions » … « Ils peuvent ainsi explorer leurs sentiments dans un contexte où ils se sentent en sécurité car accompagnés par l’hypnothérapeute. Ils disent pouvoir explorer leurs craintes, comme la peur de la mort, avec leurs propres ressources. Ils déclarent tous que ces séances leur apportent une sensation de bien-être en utilisant des mots comme « légèreté », « calme », « lâcher prise » et « paix intérieure ». Grâce à ces séances hypnotiques,
Ils racontent qu’ils redécouvrent le goût de prendre soin d’eux et, également, qu’ils modifient leur perception de leur environnement. »[1]
EXPERIENCE CLINIQUE
CONCLUSION & BIBLIOGRAPHIE
Conclusion
L’hypnose permet un contact avec l’intime de soi, de son univers propre qui dans un aspect presque sacré, (sans aucun sens dogmatique de notre part) permet au patient de découvrir encore la vie en lui et autour de lui, présente. Ce même patient qui reprend alors contact avec son corps, qui souffrant, et morcelé comme des pièces de puzzle éparpillées, passe à un corps unifié, parfois en une séance. Cet aspect physique amorce un retour à la conscience de soi qui du « mal à l’âme » nommé par les patients, livre alors encore des ressources d’apaisement dans un mouvement intérieur essentiel avant l’ultime départ.
Bibliographie
[1]- TEIKE LUETHI F, CURRAT T, SPENCER B, JAYET N, CANTIN B. L’hypnose : une ressource en soins palliatifs ? Étude qualitative sur l’apport de l’hypnose chez des patients oncologiques. Recherche en soins infirmiers, septembre 2012 ; 110 : 78-89
[2]- « Il suffit d’un geste » F. Roustang, Odile Jacob 2003
[3]- L’hypnose ou les portes de la guérison » Dr J.M. Benhaiem avec F. Roustang Odile Jacob 2012
Rédactrice de l'article
Monique Alligné
Hypnopraticienne, ex. cadre de santé, Médecine gériatrique Institut MGEN La Verrière
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