Le passage de la notion de médecine intégrative à celle de santé intégrative ouvre une voie nouvelle dans le domaine thérapeutique : cette perspective intégrative s’inscrit ainsi dans le quotidien de chacun en nous obligeant à donner un sens nouveau à notre santé. Rappelons que pour l’OMS, le terme de santé met de côté sa définition ancienne d’« absence de maladie » pour être étendue à une notion plus vaste : celle d’équilibre et d’épanouissement dans les différents domaines de la vie, physique, mental et social.
Le changement de dénomination aux Etats-Unis du NCCAM (National Center for Complementary and Alternative Medicine) renommé en NCCIH (National Center for Complementary and Integrative Health) a bien marqué, en 2015, ce tournant en mettant en lumière l’importance de la prévention et de la santé intégrative.
Il ne s’agit plus seulement d’informer, de proposer des approches complémentaires ou encore un parcours de soin associant diverses approches mais de permettre à un patient de les intégrer, d’être autonome, dans une pratique quotidienne et, ce faisant, de développer un véritable art de vivre pour permettre un changement durable. En effet, un facteur clé de la réussite est d’amener le patient, à terme, à intégrer les pratiques qui lui conviennent dans sa vie de tous les jours et à se créer sa propre boite à outils pour prendre en main sa santé.
La place de la prévention apparait comme essentielle dans cette optique où les différents aspects du mode de vie du patient sont pris en compte. Développer un équilibre au quotidien devient un levier thérapeutique essentiel (la façon de s’alimenter, le sommeil, l’activité physique et le mode de vie en général, l’attention à soi et au monde, revenir à l’expérience sensorielle, savoir traverser ses émotions et utiliser les pratiques respiratoires à travers l’hypnose et l’apprentissage de l’auto-hypnose, la méditation, le yoga …)
Alors que de nombreuses thérapies se concentrent sur les problèmes du patient et négligent ses forces (Gassman et Grawe, 2006), en santé intégrative les difficultés sont abordées par l’activation des forces et ressources de celui-ci.
Le domaine de la santé intégrative n’est pas une nouvelle école mais une méthode pouvant emprunter librement ses instruments aux différentes approches ou conceptualisations.
Cette notion de santé intégrative replace le patient au centre et demande au praticien un nécessaire changement de posture. C’est peut-être cela aussi le défi de la médecine intégrative, réaffirmer l’importance de la relation soignant-soigné. Les pratiques complémentaires ne peuvent pas être réduites à de simples techniques mais chacune apparait comme un véritable moyen de communication, comme autant de façons différentes d’entrer en relation avec le patient.
La notion de Santé Intégrative
Isabelle Célestin-Lhopiteau