Cet article va décrire le développement et l’intégration de la Médecine Complémentaire et Intégrative en oncologie et ses défis dans un pays qui comprend une riche mosaïque multiculturelle : Israël.
L’utilisation de la médecine alternative et complémentaire (MAC) par des patients atteints de cancer est établie depuis plus d’un demi-siècle [2]. Depuis le début des années 1990, les conclusions tirées de l’usage important de la MAC et son impact sur la communication docteur-patient pendant le traitement du cancer ont attiré l’attention des chercheurs et des médecins [1]. Cependant, les patients sont souvent réticents à révéler leur utilisation de la MAC, ce que l’on constate également dans des pays tels que la France [16]. Afin de combler le manque de communication entre le médecin et son patient quant à l’usage de la MAC pendant la chimiothérapie et d’autres traitements anti-cancer [10], beaucoup de médecins appellent à un changement conceptuel, dans lequel la capacité de la MAC à améliorer la qualité de vie est invoquée, par le biais d'une consultation au cours de laquelle aucun jugement ne serait porté, et fondée sur des preuves dans le cadre de l’approche oncologique conventionnelle [6]. Dans cette perspective, et afin de promouvoir la recherche en MAC utilisée en parallèle de soins du cancer, l’Institution Nationale du Cancer aux États-Unis (US National Cancer Institution) a créé le Bureau de la Médecine Alternative et Complémentaire du Cancer (Office of Cancer Complementary and Alternative Medicine), avec un budget annuel de 120 millions de dollars [17]. En 2003, la Société pour l’Oncologie Intégrative (Society for Integrative Oncology ; SIO) a été fondée en tant qu’organisation à but non lucratif, multidisciplinaire, publiant en 2009 des recommandations sur les pratiques cliniques de l’oncologie intégrative [12].
À la même période, des programmes d’oncologie intégrative ont été créés dans des centres universitaires de pointe en Amérique du Nord, dont le MD Anserson Cancer Center à Houston au Texas [13], et le Memorial Sloan-Kettering Cancer Center à New-York [11]. Ces centres d’oncologie intégrative se sont employés à améliorer le bien-être de leurs patients, tout en assurant la sécurité dans l’usage de la MAC, en particulier quant aux interactions potentielles phyto/nutritionnelles dans les cas de complément à la chimiothérapie. Ces initiatives ont mené au développement de l’oncologie intégrative, remplaçant ce que l’on appelait MAC par MCI (Médecine Complémentaire Intégrative). L’oncologie intégrative est assurée par des médecins intégratifs (MIs), des praticiens de la MCI et d’autres soignants avec une formation conventionnelle mais également de MCI [8]. L’oncologie intégrative intègre la MCI dans un contexte médical fondé sur des preuves scientifiques, offrant une approche pratique, éthique et centrée sur le patient, évaluant le ratio bénéfices/risques des traitements, et fournissant un programme biologique, psychologique, social, culturel et spirituel en accord avec les dires, les inquiétudes et les attentes des patients [14]. Les services d’oncologie intégrative aux États-Unis prévoient un certain nombre de MCI, dont la phytothérapie et des conseils nutritionnels, de l’acupuncture et des thérapies psychocorporelles (mind-body) et manuelles [15]. Le répertoire de la MCI varie en fonction des pays dans lesquels elle est mise en place. Les centres d’oncologie intégrative en Europe, par exemple, utilisent plus fréquemment qu’en Amérique du Nord des formules comme l’homéopathie, la phytothérapie et la médecine anthroposophique [9].